Invitée par l’équipe Grange/Geigl, Catherine André (Institut de Génétique et développement de Rennes) présentera un séminaire IJM :
Spontaneous models of genetic diseases & cancers in dog breeds: interest to decipher the genetics of rare diseases
Les chiens développent de nombreuses maladies génétiques souvent spécifiques de races, en raison de la forte sélection artificielle appliquée par l’homme depuis plus de 20 000 ans et plus
fortement ces 200 dernières années, suite à la création des races avec des phénotypes et des aptitudes très variés. Les maladies génétiques connues chez le chien sont, pour la plupart, identiques
à celles de l’homme. Alors que chez l’homme, l’identification des causes génétiques et de cibles thérapeutiques restent un challenge pour les maladies rares, le chien représente un modèle unique,
par sa génétique particulière (chacune des 400 races étant un isolat génétique) et l’accès à de nombreux prélèvements, pour découvrir de nouveaux gènes et mécanismes impliqués dans ces
maladies et cancers rares chez l’Homme.
Nos recherches visent à identifier les bases génétiques de ces maladies rares chez l’homme, mais très fréquentes dans certaines races de chiens. Nous avons ainsi crée le CRB Cani-DNA,
contenant plus de 30 000 ADN de chiens, disponibles pour la recherche biomédicale (https://igdr.univ-rennes.fr/centre-de-ressources-biologiques-crb-cani-dna). Travailler avec le chien,
comme modèle naturel de maladies génétiques, dans une démarche éthique constitue une alternative à l’utilisation de modèles expérimentaux, par l’accès à des prélèvements réalisés par des
vétérinaires avec l’autorisation des propriétaires. Cette démarche sert la médecine humaine et la médecine vétérinaire, dans un contexte « One Health ».
Ainsi, les maladies sont étudiées chez les chiens déjà malades, dans les races concernées, sur les plans clinique, histologique et épidémiologique pour établir les homologies entre le chien et
l’homme, en collaboration entre médecins, chercheurs et vétérinaires. Nous réalisons ensuite des analyses génétiques pour rechercher les gènes impliqués puis nous recherchons si les mêmes gènes sont également impliqués chez les patients humains présentant les mêmes entités nosologiques.
Depuis le séquençage tout génome «short read» d’un premier Boxer (Lindblad-toh et al., 2005), les génomes de plusieurs races de chien ont été séquencés en « short et long read », ainsi que le
séquençage de 2000 chiens (Meadows et al., 2023). Dans l’équipe, nous menons depuis plus de 10 ans des travaux sur différentes maladies ou phénotypes : maladies génétiques rares en dermatologie (ichthyoses, kératodermies) (Grall et al., Nature genetics 2012 ; Plassais et al., J. Invest Dermatol, 2015), en neurologie (neuropathies périphériques : Plassais et al., Plos Genet 2016, Corréard et al., 2019), et pour des cancers rares (sarcome histiocytaire, mélanomes muqueux : Ulvé, Rault et al., Cancer genetics 2017 ; Prouteau et André., 2019 ; Hédan, Rault et al., Int J. Cancer 2020 ; Hédan et al., Plos Genet 2021, Prouteau et al., 2022). Plusieurs autres projets sont en cours sur les épilepsies, neuropathies, rétinites pigmentaires, anomalies du développement (…). La puissance des analyses génétiques chez le chien permet des avancées à la fois en médecine humain et vétérinaire, par le développement de tests génétiques de diagnostiques ou de risque, et par l’identification de cibles thérapeutiques communes à l’Homme et au chien.
Le séminaire se déroulera le jeudi 21 décembre 2023 à 11h en salle François Jacob (15 rue Hélène Brion 75013 Paris).